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Les secrets du bureau Oval




Il est 12h30 dans le bureau oval, le Président encore au téléphone fait signe à la servante de lui déposer son plateau sur le bureau. Il avait laissé un espace vide juste assez grand pour la taille du plateau. Le reste du bureau était jonché de papiers et de dossiers. « Merci M. L’Ambassadeur, take care. » dit-il avant de raccrocher. Puis il enchaîne par un « merci Mme O’Connell ». Elle répondit par un signe de tête et referma la porte derrière elle.


Affamé, il prit une grosse bouchée de son sandwich lorsque le téléphone sonna à nouveau. Il s’esclaffa « God, damn it ! On ne peut pas être tranquille deux minutes ! », puis reprit une bouchée tout en l’ignorant. Le téléphone continua de sonner avec insistance, il déglutit et fini par répondre :

- Harding.

- Monsieur, l’ambassadeur de France est là.

- Comment ?!

- Oui et il est furieux. Une histoire de sous-marins. (référence au scandale des sous-marins avec l’Australie en 2021)

- Damn it, encore cette histoire !

- Dois-je lui dire d’attendre ?

- Non, Georges faites-le monter dans la salle Roosevelt (salle de réunion) et appelez le Ministre des affaires étrangères.

- Très bien, M. le Président.


Le Président, pressé, sortit un dossier d’une pile de documents et s’en alla à la hâte. Il n’avait pas vu qu’un stylo à plume avait glissé sur le plateau en argent.


TING TING.

- Ouch ! Mais vous pouvez-pas faire plus attention, vous-là ?! Dit le Stylo plume.

- Aïe ! Eeh c’est vous qui êtes sur mon plateau ! Bonjour le respect ! s’exclama la Fourchette.

- Comment ça, sur votre plateau ?!

- Et bien oui, vous êtes sur notre plateau, nous sommes tous là pour le déjeuner du Président – enfin wawa pour les intimes :

Hugo le Couteau,

Albert le Verre,

Babette l’Assiette…

et moi, Mariette la Fourchette.

- Alors, soyez un gentleman et excusez-vous auprès de Mariette ! Ajouta Babette l’Assiette.

- Mais je suis un gentleman ! Comment vous avez-dit déjà ? Babette la Fourchette ?

-

Babette et Mariette roulèrent des yeux « mais c’est qui ce gugus encore ? » chuchota Babette.


- Je suis Ma-ri-ette la Fourchette, Monsieur… ?

- Monsieur Frederick le IIIe du nom, le Stylo Plume offert par son altesse royale le Roi d’Allemagne, fidèle allié du Président. Répond-t-il avec fierté en levant le menton. Je vous pris d'accepter mes excuses les plus plates, pour la bousculade occasionnée. Une bousculade non-préméditée avec circonstances atténuantes, dois-je ajouter, sans accusé personne bien sûr notre cher M. Président n’y est pour rien, c’est le dossier qui m’a poussé… Fit-il accompagné d'un souris pincé.

- Eh là facile de rejeter la faute sur les autres ! Dit le dossier d’une voie grave qui avait tout entendu.

- Mais oui Roger, c’est ça et mon encre effacée en 1919, c’est aussi ma faute !


Mariette Fourchette roula à nouveau des yeux vers Babette l’Assiette puis se retourna vers le Stylo Plume :

- Dites-moi Fred, je peux vous appeler Fred, n'est-ce pas ?

- Je…enfin… on ne se co…Essaya d’articuler le Stylo Plume mais Mariette le coupa.

- Vous êtes au courant de tout ce qui se passe dans ce bureau ?

- Mais naturellement chère demoiselle Mariette. Je suis au courant de tout et mon encre est la base même des plus grands discours de Monsieur le Président. Quoi de plus fort que des oxymores, euphémismes et rimes pour rassurer la Nation, assurer la paix dans le monde et faire de l'Amérique le plus grand des pays du monde ? Assura-t-il plein d’entrain.


Mariette s'exclama ouvrant grand les yeux:

- Oh ! Vraiment, vraiment ? Vous connaissez tous les secrets de la Nation ? Et du Président lui-même ?

Interloqué par la tournure de la conversation, le Stylo plume continua de s'enorgueillir voyant là l'opportunité de briller.

- Mais bien sûr Mlle Mariette ! Et pas des moindres! Saviez-vous qu’il a joué un grand rôle dans la résolution de la guerre avec l’Allemagne ? ou bien qu’il est à la base de la loi antidrogues ? Ah quel homme !

- Waouh ! s’exclama à nouveau Mariette.

- Ou bien qu’il n’aime pas les noirs ou que son ministre de l’intérieur est corrompu… ajouta Albert le verre en regardant ailleurs.

- Cuff, cuff, cuff, mais que nenni ! M. Albert que dites-vous là ! Aucunes de ces accusations n’ont été prouvées. Intervint M. Fred. Et puis… M. Le Président a dans sa famille un aïeul noir, il ne se permettrait pas.

- D‘accord, d’accord, et comment est la femme du Président ? Je ne l’ai jamais qu’entendu parlé la bouche pleine ! demanda Mariette.


Hugo le Couteau, Albert le Verre et Babette l’Assiette rirent tous en cœur mais M. Fred resta de marbre, « Hmmm, Madame la Première Dame est une dame des plus respectables que je connaisse. Intelligente, généreuse, droite… la grâce incarnée en quelque sorte. » L’assiette, le verre et le couteau se regardèrent avec un sourire au coin. M. Fred était donc l’un des plus grands admirateurs du Président mais plaçait visiblement sa femme sur un piédestal. Babette l’assiette rebondit :

- Madame la Première Dame semble en effet très intelligente au point même où elle aurait elle-même écrit certains discours de Monsieur le Président…

- Vraiment ?! Oh oui dites-nous Fred, ceci est-il vrai ? Rajouta Mariette brûlante d’en savoir plus.

- Bien sûr que non. Enfin voyons, nous parlons de l’homme le plus puissant de la planète ! Il n’a certainement pas laissé une tâche si importante à sa femme !

- Qu’entendez-vous par là M. Fred ? Dites-vous qu’elles sont moins capables que les hommes ? Nous sommes en 1920, même les femmes ont le droit de vote, vous savez ! Babette commença à voir rouge.

- Non… mais enfin… ce n’est pas ce que je voulais dire !

- Alors que vouliez-vous dire ?

- Madame le Première Dame est ma foi une femme extraordinaire, je suis le premier à le dire.

- Ah ça…glissa-t-elle aux autres.

- …mais elle n’est pas Présidente. C’est à M. Harding qu’incombe cette tâche, je m’envoie navré de vous le rappeler… Babette devenait de plus en plus rouge.

- Eh bien, je suis aux regrets de vous le dire mais j’étais là quand elle a rédigé le discours d’investiture, dans SON bureau à ELLE. Quand Monsieur le Président était occupé on ne sait où, probablement avec une de ses dames. Oui oui vous m’avez bien entendu ! A ce moment-là, elle se dit que si elle avait eu un index, elle l’aurait pointé fermement sur M. Fred.

- M’enfin que dites-vous là ! et de quels droits vous osez divulguer de telles informations ?

- Moi ?! Eh bien en tant que citoyenne des Etats-Unis d’Amérique ! Môsieur s’autorise des escapades secrètes alors que sa femme travaille, ben voyons !

- Ah non ! je ne vous permets pas ! et puis il travaille assez dur comme ça, tandis que vous les femmes êtes au chand à vous occupez du foyer. Nous aussi on aimerait bien se la couler douce pendant que les femmes travaillent.

- Oh ! alors là M. Fred vous allez trop loin ! Vous commencez à faire chauffer ma porcelaine !

- Et vous mon encre !

- STOP !!!


Tout le monde sursauta.


Hugo le couteau qui n’avait jusqu’à présent pas dit mots, se racla la gorge et entama :

- Chers amis, vous ne voyez pas que tout cela ce ne sont pas nos affaires ? ce que fait Monsieur le Président ou comment il le fait ne regarde que lui. En tant que citoyens nous devons faire de notre devoir de le soutenir ou de le questionner de manière constructive sur ses actions, pas chercher à savoir s’il aime le sucre dans son café ou s’il a une maîtresse ! et vous tous, Albert le verre, Babette l’Assiette, Mariette la Fourchette et M. Fred le stylo bille.

- A plume…ne manqua pas de rectifier M. Fred.

- Oui, à plume. Nous devons faire ce que nous savons faire, c’est-à-dire lui servir le plat chaud, la boisson fraîche et ma fois assez d’encre… afin qu’il gouverne au mieux. Il s’adressa ensuite à Mariette avec un regard affectueux :

- Ma chère Mariette, tu sais, parfois la curiosité est un vilain défaut. Il existe la bonne et la mauvaise curiosité. Il faut savoir faire la différence entre les deux.

- Oui mais, comment faire cela ?

- Eh bien, demande toi toujours si ta question risque de blesser l’autre ou non.

- Donc si…

- CHUUUUUUT Firent les livres.


La porte s’ouvre, le Président entre avec une femme qui glousse et qui lui chuchotte :

- oh mon Warrennichou, je suis tellement heureuse de te voir ! Combien de temps faudra-t-il encore se cacher ?

- oh ma chérie, soit patiente et viens là. J’ai pensé à toi toute la journée, tu m’as manqué…


En entendant la voix du Président, Albert le verre avala de travers, Hugo le couteau railla, Babette l’Assiette fissura son rebord tandis que Mariette le Fourchette resta béate de surprise. Tous étaient sur le cul (qu’ils n’avaient pas), tous ? sauf un. M. Fred faisait une moue agacée. Bien sûr qu’il était au courant. Il pensait à Madame la Première Dame qui travaillait dans le bureau à côté…


Hugo le couteau chuchota à Mariette la Fourchette :

- Eh bien ma chère, c’est un sacré secret ! Quand ma femme saura ça…

- Enfin mon oncle, cela ne nous regarde pas !







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